Photo : Le checkpoint entre Jérusalem et Bethléem en 2014 - Crédit : Ryan Rodrick Beiler (Active Stills Collective)
Routes fermées, blocs de béton, checkpoints militaires, inspections strictes et restrictions totales de circulation : telles sont les mesures insupportables que les Palestiniens doivent endurer lorsque les Juifs israéliens célèbrent leurs fêtes.
Les Israéliens célèbrent de nombreuses fêtes juives tout au long de l’année, chacune durant plusieurs jours. À chaque fois, les Palestiniens sont soumis à des mesures que l’on ne peut que qualifier de racistes et qui affectent gravement leur vie quotidienne.
Tariq al-Hashlamoun vit dans la vieille ville de Jérusalem depuis quarante ans. Sa maison est située à seulement 100 mètres de la mosquée Al-Aqsa. En raison de cette proximité, le Palestinien et sa famille sont constamment exposés aux violations israéliennes, en particulier lors des fêtes juives.
Une vie interrompue
La police israélienne impose des restrictions quotidiennes aux résidents palestiniens de Jérusalem. Mais la situation devient encore plus désastreuse lors des fêtes juives et autres occasions religieuses.
M. Al-Hashlamoun se rend chaque jour à la mosquée Al-Aqsa pour prier. Cependant, lors des fêtes juives, les soldats israéliens l’empêchent d’entrer dans l’enceinte de la mosquée, car il fait partie de la catégorie d’âge qui n’est pas autorisée à prier à certaines périodes spécifiques.
« Lorsque les fêtes commencent, nous savons qu’il est très difficile de se rendre à Al-Aqsa, qui est adjacente à ma maison », a déclaré M. al-Hashlamoun à The Palestine Chronicle.
« Ils nous imposent des restrictions afin que les colons israéliens puissent prendre d’assaut l’esplanade sans être dérangés », a-t-il ajouté.
Avant les fêtes juives, les forces israéliennes lancent généralement des campagnes d’arrestations massives visant les activistes palestiniens dans les quartiers de Jérusalem et d’autres visiteurs de la mosquée Al-Aqsa.
Certains habitants de Jérusalem sont même expulsés à certaines périodes pour s’assurer qu’ils ne sont pas présents lors des incursions des colons israéliens dans la mosquée sacrée.
Selon M. Al-Hashlamoun, la police israélienne se montre encore plus agressive à l’égard des fidèles musulmans lors des fêtes juives. Ils parcourent les ruelles de la vieille ville, confisquent les sacs, les vêtements et les objets portant une image d’Al-Aqsa, du croissant de lune ou des versets islamiques
« Pendant ces jours, le tourisme islamique à Al-Aqsa est en suspens », nous a dit M. al-Hashlamoun.
« Les gardiens de la mosquée sont empêchés de s’approcher des groupes de colons et les entrées de la vieille ville sont transformées en checkpoints militaires. Les soldats israéliens vérifient toutes les cartes d’identité et arrêtent toute personne qu’ils jugent suspecte ».
De plus, les colons israéliens attaquent les magasins palestiniens de la vieille ville. Ils détruisent les marchandises exposées et agressent les propriétaires sous les yeux de la police israélienne, qui n’intervient pas.
« Les Palestiniens doivent subir ces attaques barbares », a déclaré M. al-Hashlamoun, expliquant qu’il s’agit d’un phénomène régulier sans que les colons aient à rendre compte de leurs actes.
« Nous ne pouvons pas nous endormir pendant leurs festivités. Ils crient et dansent tout le temps, détruisant tous les biens palestiniens alors que nous sommes confinés dans nos maisons et que nous ne pouvons même pas nous tenir sur nos balcons. »
Les barreaux en fer des fenêtres d’Al-Khalil
La situation n’est guère différente dans la vieille ville d’Hébron (Al-Khalil), où les colons israéliens se sont emparés de plusieurs maisons et bâtiments.
La mosquée Ibrahimi, située au cœur de la ville sainte, a été divisée par les autorités israéliennes entre les fidèles musulmans et juifs à la suite du massacre de 1994, lorsque Baruch Goldstein, un colon juif extrémiste, a tué 29 fidèles palestiniens à l’intérieur de la mosquée.
Pendant les fêtes juives, la vie des résidents palestiniens s’arrête.
La vie quotidienne à Hébron est déjà difficile, mais pendant les fêtes juives, les autorités israéliennes imposent encore plus de restrictions aux résidents palestiniens.
Issa Amro, un militant palestinien de la vieille ville d’Hébron, a déclaré à The Palestine Chronicle que les fêtes juives sont l’occasion pour les colons israéliens d’étendre leur contrôle sur la ville.
M. Amro a expliqué que l’armée israélienne avait installé plus de 120 barrières de fer et portails électroniques autour de la mosquée Ibrahimi pour empêcher les Palestiniens d’y pénétrer.
« Après le massacre de 1994, la mosquée a été divisée entre les fidèles juifs et musulmans. Toutefois, pendant les fêtes juives, seuls les colons israéliens y ont accès », a déclaré M. Amro.
En temps normal, les Palestiniens sont déjà soumis à des restrictions. Chaque mois, l’armée israélienne empêche l’appel à la prière des musulmans au moins 50 fois, sans donner aucune explication.
« Pendant les vacances, tous les points de passage sont fermés et les travailleurs palestiniens ne peuvent pas entrer dans les territoires occupés en 1948 », a déclaré M. Amro.
« Même les travailleurs titulaires d’un permis n’ont pas le droit de franchir les checkpoints. Toutes ces mesures sont conçues pour permettre aux Israéliens de circuler librement tout en étouffant les Palestiniens », a-t-il ajouté.
Pendant les fêtes juives, les colons israéliens se rassemblent devant la mosquée Ibrahimi pour prier, danser et chanter.
Pendant ce temps, les résidents palestiniens ne peuvent que regarder à travers les épaisses barres de fer de leurs fenêtres, sans avoir la possibilité d’entrer dans leur mosquée.
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À propos de l’auteure
Fayha’ Shalash est une journaliste palestinienne basée à Ramallah. Diplômée de l’université de Birzeit en 2008, elle travaille depuis comme reporter et journaliste radio. Ses articles ont été publiés dans plusieurs publications en ligne. Elle a contribué à cet article pour The Palestine Chronicle.
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Traduit par : AFPS